mercredi 6 février 2013

From the other side

J'ai aujourd'hui découvert l'histoire de la petite Jani Schofield, une fillette américaine souffrant de schizophrénie grave. Elle serait victime de plus de 200 hallucinations dont Four Hundred le chat, les 7 rats Monday, Tuesday, Wednesday, Thursday, Friday, Saturday et Sunday,  ainsi que Hundred Degrees et Twenty four Hours, deux petites filles. Tout ce "beau" monde vivrait sur l'île imaginaire de Calalini située selon les propres mots de la petite "entre ce monde et mon autre monde". Ceci ne serait pas un problème si ces hallucinations ne la poussaient pas à devenir violente envers elle-même et son entourage.
Mais au delà du caractère tragique de la situation, la construction de l'Univers de Calalini, la singularité des noms, a vraiment attiré mon attention.

J'ai toujours été intrigué par la folie, mais surtout par l'imaginaire en général. Voir ce que le cerveau de l'Homme est capable de produire me passionne. (je vous invite d'ailleurs à découvrir l'album et surtout la chanson titre du groupe Blind Guardian intitulé Imaginations from the other side et dont j'ai tiré mon titre, qui traite magnifiquement du sujet)

Ainsi j'admire les oeuvres jouant avec les limites de la santé mentale comme shutter island, suckerpunch ou l'incroyable Higurashi no naku koro ni. J'admire aussi grandement des artistes capables de construire des Univers incroyables comme Lovecraft, Kinoko Nasu ou bien-sûr Tolkien.
Ils ont réussi en quelques œuvres à créer un Univers qui les a eux-mêmes dépassés, comme Star Wars est largement sorti du cadre des films. Il arrivait aussi à Tolkien lui-même il me semble de dire de certains événements qu'on ne sait pas très bien comment ils se sont déroulés comme on pourrait dire d'un fait historique réel. Car les œuvres les plus réussies parviennent à s'incruster dans la réalité, comme les langues elfes de Tolkien qui sont aujourd'hui parlée couramment par un nombre significatif de personnes.
Or le fait pour l'auteur de vivre effectivement dans l'Univers qu'il a créé est d'une certaine manière l'aboutissement de la création.
Mais qu'un monde pareil puisse émerger du cerveau d'une fillette de 7 ans me scie complètement.

Je ne dois pas être le seul d'ailleurs car le cas Jani à défrayé la chronique, peut-être un peu trop d'ailleurs, jusqu'à tomber dans le sensationnalisme facile, et pardonnez-moi le raccourci, typiquement américain.

Car l'être humain se repait de souffrance et de violence, sans doute a-t-il besoin que l'autre souffre plus que lui pour se sentir bien, allez savoir.
Je ne prétend certes pas faire exception, mais je me complais dans l'expression inoffensive (ie virtuelle) de la violence, et j'admire la souffrance en ce qu'elle peut être vecteur des choses parmi les plus belles dont l'humain est capable.
Tout au long de sa vie l'humain apprend dans la souffrance, s'y réalise et parfois même il y brille.
Mais le prix du génie est souvent bien lourd à payer.
Ainsi le talent de Poe aura causé sa lente chute, Lovecraft fut hanté par des rêves dont il tira ses écrits et Jani Schofield est prisonnière de ses hallucinations.

Je pense donc que Calalini, qui a déjà marqué les esprits, continuera de hanter l'imaginaire populaire. Je l'espère même.
Non pas pour faire perdurer la souffrance de la petite, mais plutôt pour la "légitimer".
Si Calalini passe à la posterité, c'est comme si elle ne vivait pas toutes ces horreurs pour rien.
Imaginez les vies misérables de Poe ou de Van Gogh. Sans le travail de génie qu'ils ont laissé derrière eux, elles ne resteraient rien d'autre que des vies misérables, alors qu'avec, elles sont des vies au service d’œuvres qui nous enchantent aujourd'hui encore.