lundi 25 mai 2015

Lib RT

Vous l'avez peut-être déjà remarqué, je suis souvent en avance sur mes idées mais en retard sur mes pratiques. Ou peut-être l'inverse, la frontière entre l'avance et le retard étant mince, de par la nature cyclique des choses.

Mais là n'est pas la question.

 Il se trouve que je viens, 10 ans après tout le monde, d'achever la lecture du célèbre manga GTO. Il va sans dire qu'il s'agit d'une œuvre majeure et je pourrais noircir un nombre incalculable de pages virtuelles avant d'avoir fini de parler de toutes les valeurs qu'elle véhicule et de toutes les choses qu'elle dénonce :
Abnégation, confiance en soi, pardon, solidarité, d'un côté ; violence, perversion, désespoir de la jeunesse se sentant abandonnée par des adultes de plus en plus démissionnaires de l'autre.

Comme vous le voyez les sujets sont vastes.
Mais en toile de fond, deux thèmes sont récurrents et me tiennent moi-même particulièrement à cœur : assumer ses actes et la pression sociale.

C'est ce deuxième thème qui va nous intéresser aujourd'hui, car je l'associe à un concept on ne peut plus tendance : la liberté.

Quel rapport me diriez-vous ? J'y viens...
Déjà pour plomber l'ambiance dès le début, j'ai deux théories sur la liberté :
Soit elle n'existe pas, soit elle est morte depuis bien longtemps.

C'est un peu rude n'est-ce pas ?

Commençons pas la définition, qu'on ira chercher du côté de l'académie française, tant qu'à faire.

"LIBERTÉ se dit souvent par opposition à Servitude, et signifie, L'état d'une personne de condition libre.
Il se dit aussi par opposition à Captivité.
Il se dit encore par opposition à Contrainte.
Il signifie aussi, Indépendance de caractère, d'état, de conduite. 
Il signifie également, L'état d'un cœur libre, exempt de passion
ou simplement Liberté, Franchise, hardiesse."

Bon ok, c'est loin d'être simple, mais comme ça brûle-pourpoint, l'un d'entre vous est, ou a déjà été libre d'après ces définitions ?

Ponctuellement, ou relativement à certains paramètres, sans doute, mais en général, ça m'étonnerai.

Partons donc des bases : n'importe quoi sur terre, vivant ou non, est au moins soumis aux contraintes physiques de base : loi de conservation de la masse, les 3 lois de Newton, etc...

Étant entendu que la liberté totale n'existe pas (sur terre du moins), je ne suis quand même pas non plus trop vache, je vais ignorer ces contraintes basiques.
Du côté du vivant, une contrainte fondamentale viens s'ajouter : la survie.

Je veux bien aussi ignorer cette contrainte s'il le faut, mais même dans le règne animal, une fois retiré les actions en lien plus ou moins direct avec les deux pulsions fondamentales ; survie de l'individu (instinct de conservation) et survie de l'espèce (instinct de procréation), il ne reste pas tant que ça de temps "libre".

D'autant que, mine de rien, beaucoup d'animaux sont soumis à d'autres contraintes dues à leur structure sociale.

Vous voyez qu'on y viens...

Parce-qu'en terme de contrainte sociale, l'être humain se pose comme un maître.
N'étant pas fondamentalement anarchiste non plus, je peux facilement ignorer les contraintes dues à la morale (autre sujet pourtant épineux...), les bases de la vie en société, voire même s'il le faut le cadre légal dans son intégralité et admettre qu'en dehors de tout cela on puisse être "libre".
(même si depuis la liberté totale, on a ignoré quand même beaucoup de contraintes vous en conviendrez).

Et bien même cette dernière once de liberté à laquelle nous avons pourtant droit, nous choisissons délibérément de nous la retirer à nous-mêmes !

C'est l'essence même de la pression sociale.

On est libre d'avoir la coiffure, l'habillement, le travail, la sexualité, la vie qu'on veut, mais malgré tout on ressent je ne sais quel besoin maladif de créer des cases, de s'y mettre et de persécuter ceux qui en sortent.

Entendons-nous bien, je ne prétends pas être un modèle d'ouverture et de tolérance, il y'a des choses moi-aussi qui me choquent, me dérangent, voire même d'autres que je juge...
Mais je ne peux pas m'empêcher de me demander pourquoi.

On met en place des dress-codes, des canons de beauté, tel poids, telle taille, on s'impose des règles et des comportements qui n'ont pas lieu d'être, on vit dans l'obsession des chiffres...
Pour en revenir à GTO ce qui reviens souviens c'est : "un enseignant ne peut pas faire ceci, un enseignant ne doit pas dire cela, il ne doit pas se comporter de telle manière, il ne doit pas ressembler à ça, un diplômé d'une université de 3e zone ne doit pas donner son avis..."
La vie personnelle des personnages brise leur vie professionnelle et sociale, et c'est bien le plus grand drame que d'être brisé non pas par nos actes, mais par le regard qu'en ont les autres.

Certes, la pression sociale n'est pas neuve, il fut même des époques où elle était sans doute plus rude qu'aujourd'hui, mais entre temps nous avons subi une révolution culturelle, sociale, et même sexuelle à la fin des années 60, qu'en reste-t-il ?

On vit dans un monde où un homme se coupe les cheveux pour trouver du travail, où une femme n'ose pas sortir dans la rue en jupe, où les modèles sont des bimbos et des éphèbes écervelés, où le mot "régime" est en couverture de tous les magazines, où la sacro-sainte liberté d'expression est à deux vitesses et nous en sommes les seuls responsables, on trouve cela normal ?
Je ne peux m'y résoudre.

Nous ne sommes pas définis par nos diplômes, notre héritage, notre fortune, notre rang social, et certainement pas par notre poids, notre taille, nos habits ou la couleur de nos cheveux.
Nous sommes ce que nous faisons et ce que nous avons la volonté d'entreprendre, indépendamment que ce que nous dicte la société. Nous sommes humains !

Chacun est prompt à invoquer la liberté, à clamer la défendre, tout autant qu'il est à la sacrifier au profit de la sécurité, ou à l'enterrer sous des idoles illusoires que nous érigeons nous-mêmes.

Alors jusqu'à ce que nous ayons le droit d'être nous-mêmes dans les yeux des autres, ne me parlez plus de liberté.