mercredi 26 avril 2017

(In)tensions de vote

Ça y est, je suis énervé...

 Ce n'est pas si souvent, mais là j'en ai marre.
J'avais toujours refusé de trop parler de politique ici, n'étant moi-même pas très intéressé par le sujet, d'une part, et souhaitant qu'ici reste un blog de pensée, d'autre part.
Je suis par ailleurs fortement convaincu que les convictions politiques de chacun valent d'être respectées et je préfère ne pas les influencer.

Mais s'il y a bien une chose contre laquelle je souhaite modestement m'élever dans mes articles, c'est la médiocrité de penser.
Et force est de constater que sur le sujet on est particulièrement servis.

Passent les résultats du 1er tour, pour décevants qu'ils soient.
Passent les querelles puériles et autres coups bas des deux candidats encore en lice (plus difficilement, mais passent, quand même. C'est dire si je suis de bonne composition)
Passent les soupçons pesant sur le scrutin en lui-même (en vérité, pas du tout, mais je laisse le bénéfice du doute, faute de mieux)

Mais le niveau global de connerie ambiante est tel que si on pouvait la transformer en énergie, on pourrait sortir du nucléaire avant le 2e tour.

A ce niveau, il n'est même plus question de convictions, mais de simple bon sens.
Pour ma part, je penche plutôt du côté du libéralisme raisonné, ne suis pas particulièrement pour le protectionnisme et suis vraiment contre l'Etat Providence. Et pourtant, inutile de le cacher, j'ai voté Mélenchon.

Pourquoi ?

Je me suis déjà exprimé sur la résignation qu'inspire le politique depuis de longues années, condamnant les électeurs les plus intellectuellement honnêtes au mutisme et à l'exil.
Cependant, il s'est passé des choses sans précédent lors de cette campagne. Un éveil citoyen, l'espoir de jours meilleurs après 15 ans à serrer les dents.

De nouvelles alternatives ont fait leur apparition, mettant à mal les grands partis.
Nous avions donc le choix entre  :
- Marine "je-suis-là-depuis-plus-longtemps-que-les-autres-mais-je-suis-une-alternative" Lepen
- Emmanuel "Regardez-je-suis-tellement-cool-j'ai-un-nouveau-slogan" Macron
- Jean-Luc "j'ai-toujours-l'air-aussi-vénère-mais-cette-fois-j'ai-un-vrai-projet-promis" Mélenchon

Autant je ne peux nier l'impact et le mouvement imprimé à la campagne par Macron en qui j'ai failli croire l'espoir de quelques semaines, autant clairement l'alternative solide se place du côté de Mélenchon.

Je peux comprendre que tout le monde ne croie pas en son programme et préfère de consensualisme poupon de Macron, j'ai moi-même hésité quelques temps, mais il y'a une chose essentielle que les gens ont omis de voir en la France Insoumise

Pour la 1ere fois, un programme élaboré en commun par un échantillon un minimum représentatif de la population.
Pour la 1ere fois, une campagne novatrice utilisant astucieusement les nouvelles technologie et faisant leur apologie ainsi que celle de la culture.
Pour la 1ere fois, un réel espoir, ouvrant sur une volonté de repenser cette société où toute une frange de la population, aujourd'hui votante, ne se retrouve pas.
Pour la 1ere fois, un mouvement qui fait comprendre aux gens qu'ils ont leur mot à dire et leur rôle à jouer.

Tels ont été les mots :
"Il y a des groupes, je ne sais pas qui c'est (...), ils militent tout seul, sans la moindre consigne. L'action, le mouvement... c'est l'idée qui crée le réseau. (...) Le mouvement part d'en bas et est capable de se centraliser. C'est la nouveauté et j'espère qu'une fois élu tout ça va continuer car je ne peux rien changer sans eux."

Pour la 1ere fois un mouvement qui refuse le culte de la personnalité et engage les gens à penser par eux-mêmes.

Tels ont été les mots :
"Arrêtez ça ! Je ne veux pas, je ne veux pas que mon nom soit un slogan ! Vous n'êtes pas des dévots ! Vous êtes ceux qui portez un programme. ll s'appelle l'avenir en commun ! Guérissez-vous les gens de cette manie d'attendre d'un homme une perfection qu'il ne peut pas avoir ! Ne comptez que sur vos propres forces ! Je ferai ma part de travail, faites la vôtre !"

 A partir de là, je n'ai pas l'intention de glorifier le contenu du programme, ne sachant pas moi-même quel impact pourraient avoir les différentes mesures. Là n'est de toute manière pas mon propos.

La partie importante, vous l'aurez compris j'espère, c'est d'avoir fait (re)prendre conscience aux citoyens qu'il sont acteurs de la vie politique et non victimes.

Soit dit en passant, c'est cet homme qu'on traite de dictateur.
De mes vagues souvenirs de cours d'histoire de lycée, les piliers de la dictature sont :
- Culte de la personnalité
- Renforcement du sentiment national
- Contrôle de la culture et des loisirs
- Effacement de l'individualité au profit du groupe

Trouvez vous-mêmes où sont les dictateurs, je suis fatigué d'expliquer.

Vient donc le moment du vote, et donc des grands stratèges qui procèdent fièrement au "vote utile".
Pour ma part, j'étais persuadé que le principe du vote c'était de donner sa voix à celui qui nous avait le plus convaincu, et que par conséquent celui qui avait convaincu le plus de monde était celui qui serait élu. D'où le principe de démocratie représentative, indiquant que l'élu représente ses votants, qui sont donc majoritaires.
Et bien pas du tout ! Il faut voter utile, c'est à dire ne pas choisir un candidat parce-qu'il nous plait mais parce-qu'il a des chances de gagner et donc de faire perdre celui qui ne nous plait pas.
Donc...voter utile ça consiste à faire gagner celui qui a le plus de chance de gagner.
Là encore je vous laisse cogiter là-dessus par vous-mêmes...

Et enfin, la goutte d'eau qui fait déborder le vase et m'a conduit à cet article, les "consignes de vote".
Quelle formidable invention !

La consigne de vote, c'est quand votre candidat favori estime que vous êtes trop con pour faire le "bon" choix entre 2 candidats, dont il ne fait pas partie.
Or donc dans sa grande mansuétude, il vous indique quoi voter puisque vous êtes décidément vraiment trop con pour prendre vos propres décisions.

Ça peut sembler absurde comme ça, mais il s'avère que vraisemblablement c'est indispensable à la bonne marche du monde, car gare à celui qui n'en donne pas ! Quelle diablerie est-ce là que de laisser les gens faire leur propre choix ?

Est-ce là notre république ? Une où on calcule, où on fustige ceux qui invitent à penser par soi-même ?

Vous n'êtes pas obligés de répondre tout de suite, mais je vous conseille tout de même d'avoir un début de réponse avant les législatives.


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